Histoire d’une cantatrice d’aqui
Sur les balcons nord du Canigó en descendant de Bélesta vers Ille-sur-Têt, un détail insolite retient l’attention. Une flèche dressée vers le ciel se détache de l’horizon. Pour s’en approcher, pas de chemin, pas d’indication… juste ce petit panneau au bord de la route : « La Sybille ».
Un peu plus loin, une demeure aux allures de château se démarque : Le château de la Sybille. Le lien entre ces deux curiosités ? La diva Renée Vidal.
Renée Vidal
De son vrai nom Zélia, Rose, Claudine Vidal, Renée Vidal était une cantatrice originaire de Bélesta née en 1861 connue entre la fin du XIXème et le début du XXème pour son rôle dans de grandes pièces classiques d’opéra. Voix de contralto remarquée, elle voyagea de la Russie au Portugal en passant par l’Italie et reçut les faveurs de la haute société parisienne sans jamais oublier ses racines. Exemple de sa générosité et de son attachement à ses origines, elle se représenta gracieusement face aux familles touchées par le choléra à Ille sur Têt en 1884 puis à plusieurs reprises chez des particuliers dans la région.
Le château de la Sybille
A la demande de Renée Vidal, le château de la Sybille a été construit en 1889 et dispose de 2 grandes pièces – une par étage – pour les réceptions et concerts que donnait à demeure la diva. Au milieu d’un parc somptueusement aménagé entre 1890 et 1891, ce paradis dominant le site des Orgues d’Ille était un havre de paix où ont été reçues célébrités, politiciens et artistes. C’est dans ce château que Renée Vidal s’éteindra précocement le 26 septembre 1911 à l’âge de 50 ans.
Aujourd’hui le château est une propriété privée qu’il n’est malheureusement pas possible de visiter.
Le tombeau de la Sybille
Alors, que représente alors cette fameuse flèche tendue vers les cieux qui surplombe la route?
Elle est en réalité la résidence posthume de son père, Narcisse Vidal qui était un fervent républicain opposé au coup d’État de Louis-Napoléon en 1851. Poursuivit, il se cacha aux milieux des chaos granitiques qui surplombent la Têt et fut malheureusement retrouvé et jugé. De ce fait, le mausolée dans lequel il repose a été construit par sa fille en 1893 à l’emplacement même de la cachette où il s’était réfugié.
Aussi, un second caveau accolé au premier sera réservé pour Renée Vidal ainsi que pour son époux, sa mère et sa sœur. Cette dernière sera le membre de la famille dont le trépas sonna l’heure de la fermeture définitive de la sépulture.
Depuis cette structure funéraire, il est possible d’embrasser d’un seul regard la plaine du Roussillon, le massif du Canigó avec les Orgues d’Ille en premier plan. Le panorama est époustouflant ! Si vous poursuivez votre aventure jusqu’à la table d’orientation, vous surplomberez le site des Orgues officiel et les fameuses Orgues de la Sybille.
Sources :
Jean RIFA. 2011 « Renée Vidal (1861-1911) La Cantatrice au tragique destin », Cahier des Amis du vieil Ille, N°195, p. 19
https://www.lindependant.fr/2012/01/13/la-sybille-comme-un-decor-d-opera,105512.php